"Peau d’homme", sans contrefaçon, je suis un garçon
Une fable légère, malicieuse, mais non incriminante...c'est agréable
Entre succès littéraire et adaptation théâtrale, la bande dessinée Peau d’homme, chef-d’œuvre d’Hubert et Zanzim, poursuit son ascension. Déjà sur les planches du Théâtre Montparnasse avec Laure Calamy, on le verra sur grand écran avec Catherine Deneuve (de l’âne à l’homme). Une fable éternelle plutôt que moderne et davantage nuancée que subtile.
Et pour un empire, je ne peux me dévêtir
Dans une Italie de la Renaissance où les conventions sociales dictent la place des femmes, Bianca, jeunette de noble famille, est promise à Giovanni, un riche et vaniteux marchand. Comme l’exige la tradition, elle doit l’épouser sans le connaître. On ne saurait compromettre la pudeur (et la virginité) de l’enfant par un regard glissé.
Mais Bianca détient un secret transmis de génération en génération : une mystérieuse "peau d’homme" qui lui permet de se métamorphoser en Lorenzo, un séduisant jeune homme, quelque peu éphèbe. Sous cette nouvelle identité, elle découvre un monde interdit aux femmes, fait d’aventures, de liberté, d’exploration des désirs et de déconvenues.
Rapidement, sa double vie ébranle ses convictions : pourquoi les femmes devraient-elles être privées des mêmes droits que les hommes ? Pourquoi leur sexualité est-elle soumise à des règles oppressives ? Et puis finalement, elle découvre aussi les maux des hommes. Cette fable initiatique interroge les normes sociales, les diktats religieux et le carcan patriarcal avec une légèreté agréable.
Hubert et Zanzim, le duo de grands
Publié en 2020 aux éditions Glénat, Peau d’homme a connu un succès immédiat en librairie avec plus de 220 000 exemplaires vendus.
Récompensé par de nombreux prix, dont le Grand Prix RTL, le Prix Landernau, le Prix de la BD du Point et le Grand prix de la critique ABCD, l’album a également conquis le Festival d’Angoulême, où il reçoit en 2021 le Fauve des lycéens.
Malheureusement, l’immense succès de l’œuvre est marqué par une ombre tragique : son scénariste, Hubert, disparu en 2020, n’a pas eu l’occasion de voir son travail couronné de succès. Son acolyte, Zanzim, confie avec émotion :
"S’il avait été là pour voir l’accueil de cette BD, on en aurait entendu parler très longtemps. Il a toujours cherché cette notoriété."
Hubert et Zanzim ont également collaboré sur d’autres BD, moins connues mais toujours très malicieuses et bien réfléchies. On pense à ma Vie Posthume ou la Sirène des Pompiers qui sont un régal de lecture.