Diane de Beauvau-Craon a traversé les époques et les milieux sociaux avec une aisance déconcertante. Issue de l’aristocratie française, elle a troqué les salons feutrés de l’avenue Foch pour l’effervescence new-yorkaise des années 70. Entre mode, excès et rencontres mythiques, son parcours témoigne d’une soif de liberté ardente.
Une héritière en quête d’ailleurs
Née dans une famille où le faste et les règles dictaient le quotidien et les interactions, Diane de Beauvau-Craon n’a jamais voulu se plier aux attentes. Ni de son rang, ni de qui que ce soit. Élevée dans le luxe des châteaux lorrains et portugais, elle développe rapidement une aversion pour les carcans. Très jeune, elle se sent attirée par d’autres horizons, plus libres et plus effervescents.
Son éducation stricte, qu’elle évoque avec gratitude, lui a pourtant permis d’acquérir une ouverture d’esprit rare. C’est cette même ouverture qui va la propulser vers un destin hors norme. Les bals mondains sont troqués par des soirées underground.
Direction la nuit et les artistes
À 17 ans, Diane prend un vol pour New York dans le cadre d’un voyage de pré-noces avec son fiancé de l’époque. Mais une fois sur place, elle décide de ne pas rentrer en France. Elle est happée. La métropole américaine est en pleine ébullition artistique et culturelle, et elle entend bien en faire partie. Très vite, elle se lie avec les figures les plus influentes de la scène new-yorkaise.
Elle devient l’apprentie de Roy Halston, le célèbre designer, et fait la rencontre de Andy Warhol qui la propulse dans le milieu du glamour et de l’avant-garde. Warhol, fasciné par sa personnalité et son style unique, l’encourage à tenir un journal intime – un conseil qu’elle suivra bien plus tard en publiant Sans départir.
Dans l’effervescence de ces années 70, elle côtoie Robert Mapplethorpe, Diana Vreeland, Mick Jagger, John Lennon et Yoko Ono, et écume les nuits du Studio 54. Loin des conventions de son enfance, Diane embrasse pleinement ce nouveau monde dingue.
Si New York lui offre une vie palpitante, elle y trouve également une vocation : la mode. Encouragée par Diana Vreeland, figure emblématique de la presse mode, elle lance en 1977 sa propre collection. Son premier défilé se tient au Plaza Hotel, devant un parterre de célébrités.
Lignes et démesures
Les années 70-80 sont marquées par une liberté sans limites, mais aussi par les excès qui laissent des traces. Diane de Beauvau-Craon y plonge. Alcool, drogues, nuits blanches, elle vit à cent à l’heure. Mais cette période d’insouciance laisse peu à peu place à la réalité : l’épidémie du sida frappe violemment son entourage et met un terme à cette époque révolue.
Le décès de Jacques de Bascher, son ami de toujours et amant de Karl Lagerfeld, en 1989, marque un tournant dans sa vie. Celui avec qui elle partageait une relation fusionnelle, laisse un vide immense. Peu après, c’est son propre corps qui lâche sous le poids des folies passées. En 2001, elle est hospitalisée d’urgence et passe plusieurs mois en convalescence avant d’amorcer une véritable renaissance.
Le Paris de la rédemption
Après des années d’excès, Diane de Beauvau-Craon finit par retrouver un équilibre plus sain. A son passage à l’hôpital en 2001, elle se sèvrera définitivement et redécouvrira un monde bien différent de celui qu’elle avait connu.
« J’ai appris à me détruire par plaisir, j’ai appris à me reconstruire par amour. »
En 2004, elle épouse Christian Tual, avec qui elle partage une vie plus paisible entre Naples et Paris. C’est d’ailleurs dans la capitale française qu’elle rencontre son éditeur, qui la pousse à coucher ses mémoires sur papier. De cette rencontre naît Sans départir (2022).
La liberté donne tout son sens au titre du livre (qui est également la devise familiale). Diane de Beauvau-Craon ne se sépare pas de son indépendance. Elle est irrévérencieuse d’un chapitre à l’autre de sa vie.
Sans départir, Diane de Beauvau-Craon, éd. Grasset.